Le voilà l'article que tu attendais avec impatience ! Je t'explique tout : comment cueillir, réaliser ton macérat selon les deux techniques et plein d'autres trucs très utiles !
La cueillette des bourgeons.
Tes sites de récolte doivent répondre à des normes strictes : oui, oui, là je la joue autoritaire mais tu vas comprendre pourquoi !
Voici les 10 commandements du cueilleur de bourgeons...
- Tu privilégieras des zones non pollués bien sûr, loin des routes...
- Tu vérifieras qu’il s’agit bien de la bonne plante ! C'est pas idiot et ça peut rendre vachement service si tu ne veux pas mourir...
- Tu ne récolteras pas plus d’1/3 de bourgeons sur une même plante… sinon pas de fleurs ni de fruits…
- Si tu cueilles toujours au même endroit, sur le même arbre par exemple, pour le repos de l’arbre, tu récolteras tous les 3 ans
- Tu cueilleras et manipuleras les bourgeons avec la plus grande précaution : ce sont des organes très fragiles
- Tu choisiras, de préférence, des bourgeons encore fermés avec, à la limite, une petite feuille encore recroquevillée. Dès que la feuille ou la fleur est ouverte, tu ne prélèveras pas.
- Quand tu cueilleras, tu inspecteras bien tes bourgeons pour vérifier qu’ils ne sont pas tâchés, flétris, gelés… pour faire, ensuite, un macérat de qualité.
- Si tu le peux, tu effectueras ton macérat sur place. Je sais que ce n’est pas facile les premières fois mais avec un peu d’expérience, cela ne posera plus de problème. Sinon, tu mettras tes bourgeons, jeunes pousses ou radicelles dans un sac non plastique surtout (toile, papier) et réaliseras ton macérat dans l’heure qui suit la récolte.
- Des bocaux stérilisés tu utiliseras pour réaliser tes macérats et tu les étiquetteras
- Dame Nature tu remercieras...
La récolte des bourgeons s’étend de fin février au mois de juillet suivant les espèces, juste avant l’éclosion ; les jeunes pousses juste après l’éclosion des bourgeons.
Je te rappelle la différence entre un bourgeon et une jeune pousse : le bourgeon est créé par la plante avant l’hiver et reste en dormance jusqu’à ce que la jeune pousse apparaisse en fin d’hiver.
Les formes de macérats.
D’abord, que cela soit clair une bonne fois pour toutes. C’est un « macérat » et non un « macérât » : je ne sais pas pourquoi autant de gens ajoutent un accent circonflexe !
Bon, revenons à nos préparations…
Tu l’auras compris, il existe deux formes de macérats de bourgeons.
- La forme phytothérapeutique : macérat-mère, appelé aussi macérat concentré car on ne le dilue pas.
- La forme homéopathique : macérat dilué au 1DH (Ne t'inquiète pas comme ça ! Je vais t'expliquer...)
Il faut savoir que la forme galénique homéopathique est reconnue par la Pharmacopée ce qui n’est pas le cas pour le macérat concentré qui appartient, pour le moment, à la grande famille des compléments alimentaires à base de plantes…
Allez, voici un tableau qui va t'expliquer la marche à suivre...
1DH : 1ère décimale hahnemannienne. C'est pour cette raison que tu trouves des macérats 1D ou D1 ce qui signifie 1ère décimale (dilué 10 fois).
Si tu veux une dilution plus grande, il suffit de diluer, de la même manière, ta 1ère dilution : tu obtiendras une 2D (dilué 20 fois).
Et ainsi de suite...
« Habren ! Au secours ! J’ai pas d’alcool pur !!! »
C’est vrai, c’est un problème en France… Donc, plusieurs solutions pour réaliser nos petits macérats :
- Tu vis non loin de la frontière d’un pays qui vend de l’alcool à 90° ou 96° (non modifié bien sûr !)
- Tu as un super copain qui vit non loin de la frontière d’un pays qui vend de l’alcool à 90° ou 96°
- Tu commandes sur internet mais attends-toi à des prix défiants toute concurrence, dans le mauvais sens du terme…
Tu n’as pas internet, tu ne veux pas débourser des sommes folles pour 1 litre d’alcool (comme je te comprends), tu n’as pas d’amis, pas de famille et tu vis dans un lieu paumé ? Bon, il existe un moyen… Ben oui, sinon je n’aurais pas ouvert ce site ! Je t’explique…
Ce bon Gay-Lussac…
Louis Joseph Gay-Lussac, né à Saint-Léonard-de-Noblat le 6 décembre 1778 et mort à Paris le 9 mai 1850, est un chimiste et physicien français, notamment connu pour ses études sur les propriétés des gaz et pour ses travaux en chimie.
En 1821, il est chargé par l'administration française de définir une méthode pratique de mesure exacte de la concentration en alcool des boissons. La loi de 1824 sur la taxation des boissons alcooliques utilise ses travaux. Avec Collardeau, ancien élève de l'École Polytechnique, il devient fabricant d’instruments scientifiques et commercialise son alcoomètre en 1830. Et ce sont bien ses travaux-là qui nous intéresse ici !
En effet, sans avoir besoin d’alcoomètre, il est possible de « jouer » avec la concentration en alcool d’une solution. Je te rappelle qu’on appelle « solution » un mélange de liquide dont l’un des deux est de l’eau.
Selon la « Table de Gay-Lussac » (télécharge-la en cliquant sur le lien), il est possible de moduler le degré d’alcool selon la quantité d’eau. Normal puisque le titre alcoométrique volumique (TAV), aussi appelé degré alcoolique, est la proportion d'alcool dans une solution. Ce titre indique donc le rapport entre le volume d'alcool (éthanol) contenu dans le mélange et le volume total de ce mélange, à la température de 20 °C.
Je m’explique : si tu as un alcool à 90°, par exemple, cela signifie que le volume d’éthanol (alcool pur de pur de pur) est de 90% et que le volume d’eau est de 10%... Tu me suis ?
Alors, tu vas me dire que c’est facile et que si tu n’as pas d’alcool à 90°, tu n’as qu’à prendre un alcool à 50° et tu pourras mettre 2/3 de cet alcool (puisque tu penses que c’est du 50-50) et 1/3 de glycérine (ou autres)… Et c’est bien ce que tu trouveras dans la plupart des bouquins… Mais non…
Réfléchis et regarde la table de Gay-Lussac : pour obtenir l'équivalent d'un alcool à 90°, le degré d’alcool qui se rapproche le plus d’un mélange 50-50 entre l’éthanol et l’eau est un alcool à 60°: il faudrait ajouter 53.65 ml d'eau (donc proche de la moitié de 100 ml) à 100 ml d'un alcool à 90° pour obtenir un alcool à 60°. 60° pas 50° !
Et pour obtenir l'équivalent d'un alcool un peu plus fort (à 95°), il faudra avoir un alcool à 65° pour avoir une concentration à environ 50-50 d’eau et d’alcool.
Et même si l’écart ne te paraît pas très important, il va le devenir car il ne faut pas oublier qu’il reste la glycérine végétale à ajouter ce qui va, de facto, encore faire descendre ton titrage… et avoir une incidence sur la conservation de ton macérat…
Une autre façon de calculer si tu ne te promènes pas avec ce PDF (Ah oui ? Tout le monde n'a pas en permanence la table de Gay-Lussac sur lui ?)
Tu as un chiffre à retenir... Avoue qu'il y a plus compliqué.
Ce chiffre ? 800.
Pourquoi ? Parce que 800 g c'est le poids d'un litre d'alcool pur.
D'accord mais qu'est-ce qu'on en fait ? Suis-moi bien (mais ce n'est pas difficile)
Si j'ai 1 litre d'alcool à 90°, je peux calculer la quantité d’alcool pur qu'il contient en réalisant le calcul suivant : poids de l'alcool pur X pourcentage d'alcool
800 X 90% = 8 X 90 = 720
Ainsi, 1 litre d'alcool à 90° contient 720g d'alcool pur.
Fais la même chose avec un alcool à 50°...
800 X 50% = 8 X 50 = 400
Ah ah !!! Dans 1 litre d'alcool à 50°, il n'y a QUE 400g d'alcool pur DONC il y a 600g d'eau... Pas de 50/50...
Vérifie avec un alcool à 60°...
800 X 60% = 8 X 60 = 480
Et voilà ! La démonstration est faite !
Mais tu ne doutais pas de Gay-Lussac quand même ?
Donc, je résume.
Tu n’as pas d’alcool à 90°, pas de problème : tu prends de l’alcool à 60° et de celui-là, on en trouve dans le commerce ou sur internet. C’est généralement du rhum (J’adore !)
Plutôt que de mettre 1/3 d’eau, 1/3 d’alcool et 1/3 de glycérine végétale (ou autres), tu fais le mélanges suivant : 2/3 d’alcool à 60° et 1/3 de glycérine végétale (ou autres).
Évidemment, cette technique ne convient pas si tu souhaitais réaliser un macérat homéopathique…
Les débats
Les bourgeons et jeunes pousses.
Il est impératif de préparer son macérat sans délai et quelle que soit la forme choisie. Tu comprends bien que ces « gemmes » sont fragiles et on ne saurait les dénaturer. D’ailleurs, on ne peut que regretter l’utilisation, par certains gros laboratoires, de formes réfrigérées et même congelées ! On trouve aussi des bourgeons broyés… La Pharmacopée française préconise même de les couper avant de les faire macérer.
Mais maintenant tu vas pouvoir faire toi-même tes préparations !
La glycérine végétale.
Concernant, la glycérine, elle a un pouvoir extracteur indéniable de par sa nature hydrophile.
Certains, parce qu’elle est un produit fabriqué (alors qu’elle est synthétisée naturellement dans notre corps), pensent qu’il est préférable de s’en passer parce qu’elle perturberait l’équilibre de la flore intestinale par exemple… Tu penses ! Avec 15 gouttes par jour, ça va pas dérégler grand-chose… Mais, tu peux, si tu préfères, utiliser du miel, du sirop d’agave ou d’érable. Il faut savoir, cependant, que le miel et ces sirops n’ont pas les mêmes propriétés chimiques que la glycérine végétale et donc pas le même pouvoir d'extraction… On évitera quand même le miel chez les très petits enfants à cause du risque de botulisme.
Alors, que penser de la glycérine ?
Si tu utilises de la glycérine, elle doit être végétale et bio !!! C’est non négociable…
La glycérine ou glycérol est un alcool, miscible avec l’eau, présent dans l'organisme, qui contribue à l'élaboration des lipides (corps gras). Le glycérol est composé par une chaîne de trois atomes de carbone. Chacun des atomes a la propriété de se lier avec un acide gras pour donner un mono, un di ou un triglycéride. Cette substance présente des propriétés proches de celle d'un sucre.
Ainsi, le Dr Henry avait choisi ces trois solvants pour leur complémentarité indéniable :
- l'eau extrait surtout les minéraux et oligo-éléments, les vitamines, les composés phénoliques, les sucres et les polysaccharides, les composés aromatiques, les saponosides, les acides aminés et les protéines, les acides de fruits.
- l'alcool extrait surtout les alcaloïdes, les phytostérols, les hétérosides, les saponosides, les composés phénoliques, les acides aminés et les protéines, les vitamines et les résines.
- la glycérine végétale extrait surtout les composés ou les vitamines liposolubles (A, E) ou encore les huiles essentielles, les phytostérols, les flavonoïdes et les polyphénols, les composés aromatiques.
Elle permet, en outre, de renforcer le pouvoir d’extraction de l’eau par ses propriétés hydrophiles mais aussi de stabiliser les tanins afin d’éviter la précipitation et la cristallisation des alcaloïdes extraits par l’alcool.
Mais c’est à toi de choisir !
L’eau à la première macération
Il y a, là aussi, deux écoles :
- Dans le macérat concentré, l’eau fait partie des trois solvants. L’eau est un solvant polaire qui extrait des molécules que les autres solvants n’extraient pas… Certains y voient aussi un bienfait « énergétique » : l’eau c’est la vie et elle participerait à la transmission des « informations énergétiques » de la plante…
- Dans le macérat homéopathique, l’eau n’est ajoutée que pour diluer et ajuster le degré d’alcool. Le solvant d’extraction ne contenant pas d’eau, cette méthode ne permet pas d’extraire les dérivés hydrosolubles.
Encore une fois, à toi de choisir !
La dilution
Alors forme concentrée ou diluée ?
J’ai personnellement testé les deux formes et j’avoue que ma préférence va vers la forme concentrée, plus proche, selon moi, de mon travail d’herbaliste.
Mais d’aucuns affirment que pour le drainage, par exemple, qui est un des piliers de l’homéopathie dans une démarche de thérapie de terrain, le macérat en 1DH est préférable tout comme si l’on veut agir à un niveau plus psychique que biologique…
De plus, la posologie peut faire toute la différence en dehors de tout débat sur la nature des solvants.
==> Pour un adulte, la forme concentrée peut être un atout car on va généralement conseiller de 5 à 15 gouttes (max. 20 selon les personnes) par jour (généralement 5 gouttes, 3 fois par jour) : on peut commencer par 5 puis on augmente, chaque jour, progressivement. Tout dépend du macérat et/ou de l’affection (chronique ou aiguë). En effet, en cas d'affection aiguë, on peut fractionner davantage la prise en augmentant la dose.
==> Pour un enfant, il est de tradition de donner une goutte par année d’âge. Le problème, ici, c’est que tous les enfants n’ont pas la même morphologie et que l’âge peut ne pas signifier grand-chose : il n’y a qu’à voir le casse-tête pour les tailles de vêtements ! Un petit de 5 ans va mettre du 5 ans, un autre du 8 et un troisième du 4… Ainsi, pour mon fils qui a 6 ans, j’ai tendance à lui donner 8 gouttes vu que sa stature laisse présager qu’il fera du rugby...
D’autres préconisent, toujours pour les enfants, 1 goutte pour 10 kg de poids corporel… Je ne trouve pas cela suffisant, personnellement, et cette posologie s’apparente plus, du coup, aux doses homéopathiques.
Ainsi, la forme diluée peut être intéressante pour un enfant car on conseillera 1 goutte par kilo de poids et par jour. On respectera donc davantage sa morphologie. Ainsi, un enfant de 30 kg prendra 30 gouttes par jour…
Cependant, c’est le titrage alcoolique qui peut poser problème pour certains : 0.6 mg pour 10 gouttes alors que le macérat concentré ne présentera que 0.06 mg pour 10 gouttes aussi.
Mais, franchement, si on les dilue dans un peu d'eau, le titrage baisse considérablement...
Pour les adultes, on atteint généralement des doses de 100 à 150 gouttes par jour.
À toi de tester !
Voici une petite astuce qui réconciliera tout le monde...
Si tu veux tester le macérat 1DH en gardant le bénéfice de la macération à trois solvants, voici la solution : rien ne t’empêche de diluer le macérat concentré… selon la formule hahnemannienne ! Tu pourras, ainsi, profiter des bienfaits ou des facilités de posologie des deux formes.
Pas bête la guêpe !
Quant à la durée du traitement, il est habituellement de trois semaines avec la fameuse fenêtre thérapeutique d'une semaine... et ce jusqu'à trois mois.
Si tu veux prendre plusieurs macérats en même temps, c'est possible bien sûr : on ira généralement jusqu'à trois mais on peut aller jusqu'à quatre selon les besoins.
Les contre-indications et les effets indésirables.
On ne connait pas de contre-indications à l’emploi des bourgeons.
Cependant, il y a des situations où l’usage des extraits gemmothérapiques doit répondre à certaines règles :
- Pas d’utilisation de la gemmothérapie chez les personnes en sevrage alcoolique ou épileptiques.
- Respecter une posologie maximale de 5 gouttes par jour d’extrait gemmothérapique concentré chez la femme enceinte. Toujours le principe de précaution…
- Ne pas donner de bourgeons ayant une action hormonale (Airelle, Framboisier, Sequoia, Chêne, Noyer, Pommier, Myrtille, etc.) à une femme enceinte ni à une femme ayant des antécédents de cancer hormono-dépendant.
La gemmothérapie, concentrée ou diluée, de par son mode de préparation impliquant de faibles concentrations de principes actifs, ainsi que les faibles volumes ingérés, ne présente pas d’effets secondaires de type intoxications graves.
Néanmoins, comme pour toute substance, des réactions diverses peuvent se produire : allergie rare au produit, inversion des effets attendus, hypersensibilité, etc.
Des réactions ponctuelles et toujours très sporadiques peuvent se produire (avance de règles, migraine, etc.) qui reflètent plutôt des réactions physiologiques excessives qu’une intoxication réelle au produit.
Ces réactions sont du même ordre que celles qui sont observées en phytothérapie classique.
Et voilà, maintenant, tu vas être imbattable sur ces préparations ! Et tu verras une différence de qualité indéniable...
Quant à savoir quels bourgeons tu dois utiliser, ça c'est pour une autre fois :)
Herbalistiquement,