Voici le premier article d'une série sur notre amie l'Ortie... Elle le mérite bien !
L'Ortie a longtemps été décriée et continue de l'être… Combien ont tenté et tente encore de l'éradiquer de manière plus ou moins civilisée !
Et pourtant, originaire d’Eurasie, l'Ortie est une compagne fidèle des régions tempérées à travers le Monde : partout où l'Homme est passé, l'Ortie est là, bien présente. Conquérante, elle se pose, sans bruit, en colonie, solidaire dans l’association, portée par le vent(1) ou transportée par l’Homme, à son insu, par ses graines minuscules, près des maisons, des granges, des écuries, des vieux tas de fumier compostés, des ruines ce qui lui vaut, par les botanistes, l'attribut de rudérale(2). Comme la plupart de ces plantes, elle est hydrophile et nitrophile(3) (une sacrée gourmande même) et une commensale(4) de l'Homme . Mais elle nous le rend bien !!! Nos ancêtres l’avaient bien compris puisqu’ils l’utilisaient déjà pour se soigner ainsi que pour d’autres usages. Elle tomba cependant peu à peu dans l’oubli pour réapparaître au milieu du XXème siècle. De nombreuses études ont été menées ces dernières années afin de mieux comprendre ses activités ainsi que ses mécanismes d’action. Elle est donc utilisée de façon multiple : agriculture, alimentation, cosmétique, teinturerie, industrie textile et, évidemment, à des fins médicinales.
(1) Sa pollinisation est anémophile donc se fait par le vent. À cela s’ajoute, pour l’Ortie dioïque, la reproduction asexuée, par stolons : elle sait reproduire des clones…
(2) Les plantes rudérales (étymologiquement, l'adjectif « rudéral » dérive du latin rudus, ruderis qui signifie « décombres ») sont des plantes qui poussent spontanément dans les friches, les décombres le long des chemins, souvent à proximité des lieux habités par l'homme.
(3) Une plante nitrophile est une plante qui se développe préférentiellement sur les sols ou dans les eaux riches en nitrates. Ce nitrate provient généralement de la décomposition d'apports organiques liés aux activités humaines (engrais, dépotoirs, etc.).
(4) Le commensalisme (du latin cum-, « avec » et mensa, « table », par exemple « compagnon de table ») est un type d’interaction biologique naturelle et fréquente ou systématique entre deux êtres vivants dans laquelle l'hôte fournit une partie de sa propre nourriture au commensal. Le commensalisme est une exploitation non-parasitaire d'une espèce vivante par une autre espèce.
L'Ortie est l’une de mes médicinales préférées mais c'est le cas pour bon nombre d'herbalistes et, pour le coup, je ne fais pas preuve de beaucoup d'originalité. Zut alors !
De plus, alors que certains cherchent auprès de botanistes confirmés une réponse à cette classique question : "Quelle est cette plante ?", tout le monde reconnaît l’Ortie au premier coup d’œil… C’est la raison, d’ailleurs, pour laquelle je ne ferais pas de partie "botanique", à proprement dite, dans mes articles puisque nous allons surtout nous intéresser à la grande Ortie (Urtica dioica) et la petite Ortie (Urtica urens) qui présentent, à peu de choses près, les mêmes propriétés médicinales et que tout le monde connaît.
Pourquoi l’aimer autant ? Piquante et considérée parfois comme agressive, elle me fait penser à ces êtres "forts en gueule" mais qui, si on les connaît bien, cachent un cœur énorme. Tu te reconnais peut-être ? (Moi oui !) Ou tu connais certainement une personne qui correspond à cette brève description…
Généreuse, l'Ortie l'est incontestablement. D’abord parce qu'elle étire sa couverture verte sombre pour dissimuler nos immondices, pour trier nos déchets, pour nous faire oublier nos excès… Elle ne rechigne pas face aux tâches ardues et s'attaque, en bonne guerrière, aux éléments les plus coriaces comme le fer.
Ensuite, parce que reine de l'Alchimie, elle métamorphose la matière : elle "manipule" l’azote qu’elle conduit à former des protéines. Elle maîtrise parfaitement l’instabilité chimique des nitrates contenus dans sa sève. Cette Infatigable recycle, transforme pour nous laisser une terre exempte de saletés, d'impuretés, saine et régénérée. Un véritable exemple que beaucoup devraient suivre !!! Ces qualités exceptionnelles de recyclage impliquent de ne pas cueillir les Orties dans des endroits pollués. Forcément… Alors, on va se promener dans les bois, pendant que le loup n’y est pas, dans les vertes prairies bien loin de la folie des Hommes…
Enfin, elle nous donne, sans mesure, une grande partie de ce qui nous est vital : protéines, acides aminés, minéraux et vitamines. Elle nous offre aussi son sang empli de bienfaits et dont elle est si riche : la chlorophylle qui lui donne cette belle couleur verte si profonde et si aimable.
Mais, comme tout être délicat, elle ne se livre pas facilement et, il faut "savoir la prendre"... À ceux qui la connaissent, nous savons que cela n'est qu'une défense apparente et que son port altier, et presque guerrier, jette, en réalité, une ombre apaisante et bienfaisante. Cette Dame de fer est un véritable pansement guérisseur. Une héroïne de conte ! Elle m'a d'ailleurs inspirée pour le conte Uram et ses soeurs que tu peux lire sur ce site.
Plante du paradoxe donc, elle intrigue et attire.
On la craint, on la respecte.
On ne la cueille pas pour la mêler à un bouquet de fleurs des champs.
Quand on l’approche, en la défiant en combat singulier ou en tentant une approche tout en séduction, c’est dans un but précis.
Ce n’est pas une plante du Beau, c’est une plante de l’Utile : une plante engagée.
Une Romantique en sorte…
Dans le prochain article, je te parlerai de ses poils urticants ! Qui s'y frotte...
Herbalistiquement,