1- Gemmothérapie : définition et Histoire


Si tu t’intéresses aux plantes, tu as, sans nul doute, entendu parler moins de phytembryothérapie que de gemmothérapie… Tu veux tout savoir ? Voici le premier article d'une série sur la gemmothérapie...

Bourgeons de Noisetier
Bourgeons de Noisetier

C'est quoi la gemmothérapie ?

Le mot gemmothérapie vient du latin "gemmae" et du grec "therapeia" qui signifie "soin". Le "gemmae" désignait à la fois le bourgeon, au sens propre, et la pierre précieuse, au sens figuré. Le rapprochement n’est-il pas intéressant ? Ce qui les rapprochait ? Leur forme et leur rareté. Je ne peux m’empêcher d’ajouter leur richesse… mais cela n’engage que moi !

"Gemme" est également à l’origine du mot "gemmule", qui définit la partie sommitale de l’embryon d’une graine : le germe.

Ainsi, la gemmothérapie est une branche de la phytothérapie et de l'homéopathie qui utilise des bourgeons végétaux (foliaires ou floraux), mais également d’autres tissus embryonnaires vivants en voie de croissance (jeunes pousses d’arbres et d’arbustes, radicelles) préparés à l’état frais, par macération directe, et employés sous forme de macérats glycérinés buvables.

Ne t'en fais pas, je t'expliquerai comment se réalise cette macération un peu plus tard…


Quelle est donc l'origine de la gemmothérapie ?

Cette méthode a comme « père » le Docteur Pol Henry (1) , né en 1918, en Belgique.

Attiré par l'homéopathie, il s'oriente très tôt vers la phytothérapie. Grand observateur de la nature, par l'étude des effets d'extraits de bourgeons, il développe une nouvelle approche thérapeutique. Le Dr P. Henry pose le premier l'hypothèse que le méristème (2) doit contenir toute l'énergie informative au développement des arbres. Il dénomma cette nouvelle branche de la phytothérapie : la phytembryothérapie. Ah ! On y arrive…

 

(1) Au début du XXe s., Paul Niehans effectue des recherches consistant en injections intramusculaires de broyats cellulaires provenant de fœtus animaux. Pol Henry s'en inspire, en transposant la méthode pour les plantes.

Mais le premier véritable inspirateur de la future gemmothérapie fut Johann Wolgang von Goethe avec son ouvrage La métamorphose des plantes, en 1829 (http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1513583k/f13.image).

Cependant, Hildegarde de Bingen (1098-1178) conseillait déjà dans son ouvrage, Le livre des subtilités des créatures divines, les bourgeons de Pomme, Bouleau, Cassis, Châtaignier, Frêne, Tilleul, Églantier et Peuplier.

(2) Tissu de cellules végétales de type embryonnaire (non différencié) à multiplication rapide, responsable soit de la croissance en longueur (tiges et racines), c'est le méristème primaire, soit responsable de la croissance en épaisseur, c'est le méristème secondaire.

 

Par la mise en macération de bourgeons et jeunes pousses dans trois solvants différents complémentaires (eau – alcool - glycérine), il trouve le moyen d'extraire leur "quintessence" sous forme de macérat dont il fonde l’emploi sur une analogie biochimique. En effet, il remarque que, pour un même bourgeon, il y a une analogie entre les variations de la formule protéinique sanguine de l’animal de laboratoire et celles du malade traité…

Je m’explique… Le Dr Pol Henry teste chaque macérat de bourgeons sur des lapins. Il réalise en premier lieu une électrophorèse des protéines (3) sur un échantillon sanguin puis ajoute à la nourriture des lapins un des macérats glycérinés pendant 3 semaines. Puis, un deuxième prélèvement de sang est effectué, suivi d’une nouvelle électrophorèse des protéines. En fonction des résultats, il répertorie alors les modifications induites par chaque macérat sur le profil protéique.

Lorsqu’il retrouve ce profil biologique chez un patient, il prescrit le bourgeon correspondant susceptible de rétablir son profil biologique. Ainsi, à chaque bourgeon, il fait correspondre un bilan biologique caractéristique. 

Que les « gemmes » soient de puissants remèdes n’est pas pour me surprendre ! Qui ne connaît pas, a contrario, la puissante nocivité des pneumallergènes végétaux, et des pollens en particulier ?

 

(3) L’électrophorèse des protéines sériques permet  la séparation des protéines du sang, sous l’influence d’un champ électrique. Elle permet de mettre en évidence des protéines anormales et de détecter une augmentation ou une baisse anormales de protéines dans le sang. L’augmentation de certaines protéines peut indiquer un syndrome inflammatoire.

 

Le premier extrait de bourgeon qu'il étudie est celui du Bouleau pubescent (Betula pubescens) dont il découvre qu’il active les macrophages du foie et permet le drainage des cellules de Kupffer qui avaient stocké du carbone colloïdal.

Il développe aussi sa méthode de traitement par les bourgeons. Il crée le concept de phytosociologie végétale pour expliquer l’intérêt de respecter l’isolement, la sociabilité des arbres et arbustes et leur environnement pour orienter la thérapeutique. Par exemple : 

- le Noyer, qui est un arbre vivant isolé, se prendra comme traitement de préférence seul.

- un arbre qui pousse dans un sol humide, donc qui l’assèche, fera de même sur notre corps

- un arbre poussant sur un sol acide en l’alcalinisant nous désacidifiera

- un arbre poussant sur un sol dégradé et appauvri pour le régénérer aura cet effet sur nos tissus

- un arbre poussant sur tous types de sols couvrira avec succès un large spectre d’indications thérapeutiques, etc.

 

Président de la Société française de Biothérapie, le Dr P. Henry publie les fondements de sa méthode et les résultats cliniques de sa nouvelle approche phytothérapeutique, dès 1970, sous le titre Phytembryothérapie – Thérapeutique par les extraits embryonnaires végétaux, ce qui lui vaut une réputation internationale.

 

Pol Henry s'associe avec le docteur Max Tétau (4) pour travailler avec des « macérats purs ».

Tétau est homéopathe : il propose, aidé de son ami, homéopathe lui aussi, le Dr Bergeret, de réaliser une dilution, baptisée « macérats glycérinés première dilution », et plus tard : gemmothérapie. Et voilà !

 

(4) La Phytothérapie rénovée, en collaboration avec le Dr Bergeret, Ed. Maloine, 1979 ; Nouvelles cliniques de Gemmothérapie, Ed. Similia, 1987 ; en collaboration avec D. Scimeca, Rajeunir nos tissus avec les bourgeons, Guy Trédaniel, 2011.

 

L’idée de Tétau consiste à définir non seulement une méthode thérapeutique s’inspirant des principes du drainage homéopathique afin de désintoxiquer l’organisme (en bon homéopathe qu'il est) mais aussi des formes galéniques susceptibles de dosages scientifiques permettant la production de phytomédicaments toujours identiques à eux-mêmes, non toxiques et plus fiables, selon lui, que les préparations phytothérapiques classiques sujettes à d’énormes variations qualitatives et quantitatives dans leur dosage en principes actifs.

Deux formes sont ainsi retenues : la Teinture-Mère homéopathique et le Macérat glycériné de bourgeons frais, dilué à 1DH (première décimale Hahnemanienne). Je vais t'expliquer cela, aussi, par la suite...

 

Par la suite, le Dr Gérard Gueniot et le Pr Fernando Pitera étudient attentivement l'action des macérats de bourgeons sur le corps physique et les corps biologiques et métaboliques.

 

Enfin, le Dr Franck Ledoux continuent ces travaux au niveau du corps mental (Signes Psychiques).

Dr Franck Ledoux, LA PHYTEMBRYOTHÉRAPIE, l'Embryon de la gemmothérapie, éditions Amyris
Dr Franck Ledoux, LA PHYTEMBRYOTHÉRAPIE, l'Embryon de la gemmothérapie, éditions Amyris

Allez, je te donne un petit exemple  avec le bourgeon de Pin (Pinus montana).

Dr Franck Ledoux, LA PHYTEMBRYOTHÉRAPIE, l'Embryon de la gemmothérapie, éditions Amyris
Dr Franck Ledoux, LA PHYTEMBRYOTHÉRAPIE, l'Embryon de la gemmothérapie, éditions Amyris

La gemmothérapie désigne donc, aujourd’hui, indistinctement, les techniques de la phytembryothérapie liée à la phytothérapie, ou celles avec dilution appartenant davantage à l’homéopathie.

J'espère que c'est clair !

 

Dans le prochain article, je te parlerai de la chimie de ces petits gemmes...

 

Herbalistiquement,